Henri Rivière: Biographie

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Benjamin Jean Pierre Henri Rivière naît à Paris le 11 mars 1864 à Paris. Vers 6 ans, déjà entreprenant, il crée une palette de peinture « maison » en broyant des pastels qu’il mêle à de l’huile. Adolescent, il apprend à dessiner en copiant des tableaux parus dans la presse artistique. En 1880, en compagnie de son ami Paul Signac, il fréquente brièvement l’atelier du peintre montmartrois Émile Bin (1825-1897).

Habitué du cabaret du Chat Noir dès 1882, il en devient tour à tour reporter et dessinateur du journal, puis co-directeur de publication avec Rodolphe Salis de l’Album du Chat Noir. Enfin – et surtout – il y laisse une trace mémorable en tant que directeur artistique du théâtre d’ombre à partir de 1886. Il y réalise les silhouettes en zinc découpé, des systèmes de lumières colorées. Il fait preuve de beaucoup d’inventivité et d’ingéniosité dans la réalisation et l’agencement des décors mobiles en créant des effets spéciaux.

Les pièce d’ombres s’accompagnent de la publication de livres-partitions. Rivière, très impliqué dans leur édition, s’initie alors à l’art de la lithographie originale.  Son plus grand succès est La Marche à l’étoile, parue une première fois en 1890. Rivière en redessine les pierres pour une deuxième édition en 1899. Il ne quittera le Chat Noir qu’à la mort de son fondateur et directeur Rodolphe Salis en 1897.

Cachets, marques et monogrammes de Georges Auriol, 1901

Dans les années 80, Rivière se lie d’amitié à Georges Auriol. Celui-ci crée pour Rivière un home marque, et de nombreux monogrammes et cachets que l’on retrouve sur l’essentiel des estampes et publications de Rivière tout au long de sa carrière. Auriol est à l’origine de la police « Auriol » maintes fois utilisée par Rivière. On retrouve Auriol réalisant la couverture, les ornementations et les polices de caractères dans l’édition des 36 Vues de la Tour Eiffel en 1902 ainsi que l’édition de la monographie Henri Rivière Peintre et Imagier de Georges Toudouze en 1906. La police Auriol demeure une référence parmi les polices créée à la Belle Époque et est aujourd’hui disponible dans la plupart des traitements de texte.

Cachets, marques et monogrammes de Georges Auriol, 1901

 En 1888, Rivière rencontre Estelle Eugénie Ley (1864-1943) qu’il épouse en 1895.

Il découvre la Bretagne au cours d’un premier voyage à l’été 1884 à Saint Briac d’où il revient avec un projet de 3 eaux-fortes basées sur ces dessins (Vieille maison au bord de la mer, Potager à la ville-Hue, Les Ebihens). Ce seront ses premières impressions bretonnes. Visiblement séduit et inspiré, il retourne en Bretagne chaque été jusqu’en 1916. Il se fait construire en 1895 une maison, baptisée Landiris, surplombant l’embouchure du Trieux. Les paysages de campagne et de bord de mer, l’activité rurale et des ports de Bretagne, seront ses thèmes favoris dessinés en technique mixte (fusain, encre, aquarelle) en Bretagne et travaillés 30 ans durant à Paris sous trois formes d’estampes : eaux-fortes, xylogravures et lithographies.

Les Vaches au pâturage, eau-forte, 1910

Il s’intéresse aussi à la photographie à partir de 1887. On lui doit notamment des clichés mémorables de la Tour Eiffel. Il reprendra ce thème dans son projet des 36 vues – hommage à Hokusai, d’abord en xylographie puis finalement en lithographie (livre sorti en 1902). Un siècle plus tard, André Juillard sur les pas de Rivière, réalisa ses propres 36 vues de la tour Eiffel.

Toujours dans les années 80, Rivière s’intéresse à l’Art Japonais, visite des expositions, fréquente des marchands d’art et commence à collectionner des estampes et des objets d’art japonais.

Épris de technique et inspiré par les maîtres japonais, il se lance, de 1889 à 1895, en autodidacte, dans la xylogravure polychrome en réalisant tout : le dessin, la gravure sur bois, la préparation des couleurs à l’eau comme les Japonais, les tirages à la main. Son œuvre majeure est la série Paysages bretons qui devait comprendre 100 planches et qui a fini à 56 dont 11 planches inachevées. Plusieurs projets de xylogravures de cette série phare ont finalement abouti des années plus tard sous forme de lithographies dans la série « Le Beau Pays de Bretagne ». Notons également la retranscription de certains bois en lithographie pour des tirés à part de la presse artistique : Xyl. 18 => Lith. 117 ; Xyl. 28 => Lith. 115 ; Xyl. 30 => Lith. 114 (ref issues des catalogues raisonnés lithographies et bois OL/YLB 2022 et 2024).

Rivière expose ses xylogravures en 1892 et 1893 à la Société des Peintres Graveurs Français, en 1895 à la Société National des Beaux-Arts.

Après sa période Chat Noir et Xylogravure, il commence en 1897 des séries de lithographies en collaboration étroite avec l’imprimeur éditeur Eugène Verneau, installé 108 rue de la Folie-Méricourt à Paris. Il dessine à Paris et en Bretagne des dessins préparatoires en technique mixte (encre, mine de plomb, aquarelle et gouache). Il réalise jusqu’à 15 couleurs par lithographie, ce qui demande un travail considérable de dessin sur pierre, de préparation des encres et d’imprimerie proprement dite (calage, encrage, tirage). Il suit chacune des étapes du processus d’imprimerie qui se plient, grâce à la complicité du conducteur de machine, au service de son œuvre. Rien n’est laissé au hasard : choix des papiers, harmonisation des couleurs, perfection des dégradés. Il redessine et corrige des pierres en cours de production. Comme au Chat Noir, comme pour les xylogravures, il agit en technicien, en chercheur, autant qu’en artiste. Sa période intense de lithographe dure un peu plus de 10 ans de 1897 à 1908. Sa dernière lithographie date de 1917, peu de temps après la mort d’Eugène Verneau (†1913).

En 1906, une monographie par Georges Toudouze loue ses talents de créateur d’estampes polychromes. La couverture, les ornementations et la police de caractères sont dessinées par Georges Auriol. Henri Rivière Peintre et Imagier, Edition Floury. Un ouvrage de référence pour les amateurs d’Henri Rivière.

En 1913, il effectue un séjour à Florence chez ses amis Berthe et André Noufflard. Il continue presque sans cesse de réaliser, pour le plaisir, sans ambition mais non sans talent, des aquarelles au gré de nombreux séjours qu’il effectue en Italie, dans les Pyrénées, en Provence, en Auvergne, en Normandie, en Savoie, en Ile de France.

Buis-les-Baronnies, Aquarelle, 1940

Il se lance aussi dans l’édition de livres d’art. On lui doit :

  • La céramique dans l’art musulman 1913
  • Les accroissements des Musées Nationaux français – Le Louvre depuis 1914. Paris & New York, Demotte, 1919
  • Les Dessins de Degas, reproduits en fac-simile. Réunis et publiés par Henri Rivière. P., Demotte, 1922 (Ière série) – 1923 (2ème série).
  • La céramique dans l’art d’Extrême-Orient 1923

Une grande exposition lui est consacrée au Pavillon Marsan en 1921, organisée par l’Union Centrale des Arts Décoratifs. L’absence de lithographies à cette exposition laisse penser qu’il s’est brouillé avec Chachoin, le successeur de son ami imprimeur Verneau.

 

Sa femme Eugénie meurt en septembre 1943. Il dessine sa dernière aquarelle en novembre 1944. Il ressent des troubles oculaires qui l’empêcheront de dessiner par la suite. A partir de 1947, il écrit ses mémoires pour un projet de livre de souvenirs qui ne sera publié qu’en 2004 : Les détours du Chemin, Édition Équinoxe). Il meurt le 24 mars 1951 à Sucy-en-Brie chez Henriette Noufflard (fille de Berthe et André Noufflard). Il repose avec son épouse au cimetière de Frenay-le-Long (Seine-Maritime), proche de la propriété de ses amis Noufflard.

Nos sources pour la rédaction de cette page sont les ouvrages mentionnés ci-après https://www.henri-riviere.fr/ouvrages-expositions-et-collections/
Les ornementations sont empruntées à Georges Auriol
Mars 2025

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